Lexaltation du délinquant
Traduction de Liliane Salvadori
2 Mai 2005
Les nouvelles stars de la télévision pourraient être désignées ainsi : assassins, auteurs de violences sexuelles, tortionnaires, meurtriers récidivistes [ces derniers sont à présent monnaie courante et ont été étiquetés du titre pompeux de serial killer (tueurs en série).] Ils bénéficient dune une attention, dune sollicitude, dune respectueuse et affable sympathie, toutes choses dont nombre de journalistes ou de présentateurs de la TV sont assez prolixes, et quils dispensent avec beaucoup daffabilité.
Il doit exister par ailleurs, une circulaire administrative qui contraint des correspondants opérant incognito (qui semblerait-il sont engagés seulement après avoir accepté au préalable, la condition sine qua non), qui est en substance, demander aux parents proches des victimes sans défense face à des démons personnifiés de la pulsion de possession-destruction : « Pardonnez-vous les assassins de votre fille ? »
Chaque fois que je macquitte du paiement de la taxe TV, je suis pris de nausée à lidée que ce versement servira à rétribuer des dirigeants qui non seulement ne font pas respecter la consecutio temporis à ceux qui devraient être tenus de la connaître et de lavoir toujours présente à la mémoire, mais encore, ne trouvent pas le temps et la manière dexiger de son personnel, un minimum de décence!
La télévision italienne, que ce soit la publique ou la privée, est devenue une incubatrice de « produits » à haute teneur de délinquance, un patronage de la médiocrité et du voyeurisme !
Pour quun phénomène semblable soit devenu si évident, il est indispensable que dans un groupe déterminé, le pourcentage de pervers soit devenu majoritaire.
Il y a quelques jours, jai appris lindignation préoccupante inspirée par le triste destin dErika (qui assassina férocement sa mère et son petit frère) et qui, détail horrible, devra être transférée, lorsquelle aura atteint lâge de 21 ans, de létablissement réservé aux mineurs pour être placée dans une prison pour adultes; silence total sur les victimes.
Dans mon article « Le Fils prodigue » que vous pouvez voir sur lurl ci-dessous, jai essayé déclaircir les motivations inconscientes de la poussée à la tendance au « Pardon ».
http://www.psicoanalisi.it/psicoanalisi/osservatorio/articoli/osservafrench1126.htm
Jai tenté déclaircir les motivations inconscientes de cette tendance.
Je voudrais ici, ajouter quelques considérations.
Freud nous a démontré, et cela au grand dam des bien-pensants de son époque, comment lagressivité peut être une disposition universelle de lâme humaine, comment nimporte quel individu a en soi les germes de la violence et du crime. La société humaine, dautre part, se fonde sur le sentiment de culpabilité du parricide primaire, sur lhorreur que les enfants éprouvèrent à la vue de la dépouille du père assassiné. « La civilisation domine le dangereux désir dagression de lindividu, laffaiblissant, le désarmant et le faisant surveiller par une instance dans son « ambiance » comme par une garnison dans une ville conquise »1 .
Freud nous démontre comment le sentiment de culpabilité peut découler de deux sources : de la peur quinspire lautorité (les parents en premier lieu, puis les règlements sociaux) et ensuite, la crainte que suscite le Surmoi. La première source oblige à renoncer à la satisfaction pulsionnelle. Mais étant donné quil nest pas possible de dissimuler au Surmoi, la persistance des désirs interdits, la recherche de la punition se structure. La sévérité du Surmoi se substitue à la place des parents. Le Maître nous rappelle que, vu que la civilisation obéit à une poussée érotique interne destinée à unir les hommes dans une masse cohérente, elle ne peut rejoindre ce but quà travers un renforcement croissant du sens de culpabilité. Sil sagit-là du processus que maintient la civilisation, nous pouvons aisément comprendre comment, dans une phase historique dans laquelle trouver un PARENT qui joue le rôle du Père est dune rareté absolue, et dans laquelle lon perçoit aisément la totale impunité pour les délits commis, nous risquons réellement une désagrégation de la civilisation humaine.
Une variante corrompue du corps social, qui sest emparé des moyens de communication de masse semble vouloir conditionner sciemment lopinion quasi unanime des gens, éliminant les sentiments de pitié envers les victimes.
Sur la base dun équivoque aussi délirant quégalitariste tiré du slogan « Dieu sauve Cain » la tendance à la délinquance, qui pourtant nous habite tous, se trouve être totalement niée chez ces personnes; par projection la familiarité des impulsions agressives est reconnue chez les tueurs qui font lobjet dune puissante sympathie inconsciente.
Cest seulement sur la base de ce phénomène ou par totale ignorance des lois qui régissent le psychisme humain, que certains juges et psychologues peuvent autoriser la libération dassassins féroces, pour ensuite manifester leur surprise non feinte devant la récidive de tels délits.
Seulement celui qui a effectué une recherche profonde sur son propre psychisme et qui sest familiarisé avec les propre inclinaisons agressives-destructrices, les a reconnues et donc ne peut les nier, peut se demander et par la suite exiger le respect des règles que lhumanité sest fixées pour construire la structure sociale.
Un pays dans lequel les féroces assassins, au lieu dêtre maintenus dans des conditions où ils ne pourront plus nuire (du moment que ladite rééducation des cas dhomicide atroce est pure fantaisie idéologique qui se fonde sur lignorance dune loi fondamentale du psychisme, appelée compulsion de répétition), retrouvent la liberté après quelques années, est destiné à une inexorable désagrégation. Il ne nous reste que la consolation de pouvoir dire que, conscients de luniverselle tendance à la délinquance, une société ne peut avoir un lendemain quaprès avoir acquis la certitude de la peine appliquée et dune protection sans conditions des victimes.
Ecrit par: Quirino
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Note:
1 – S. Freud, Il disagio della civiltà, 1929.