Le délire créationniste
Traduction de Liliane Salvadori
30 Septembre 2005
Avec cette courte Newsletter, je voudrais signaler aux lecteurs de « Science et Psychanalyse » un très bel article paru sur le Journal Corriere della Sera del 29 settembre 2005, qui a recueilli des extraits dune préface écrite dans un livre de Charles Darwin dédié à lévolution naturelle.
Le Chercheur argumente avec simplicité et dirons-nous avec neutralité les évidences qui rendent les hypothèses créatrices un essai animiste.
Persuadés que la Génèse de la Bible est la description littérale et réelle de la naissance de lUnivers, les créationnistes réclament lenseignement de leur théorie dans les écoles ainsi que la théorie traditionnelle (nous dirons mieux, ainsi que nous le verrons, Loi naturelle) de lévolutionnisme.
La coaction à devoir se représenter un Créateur et Deus ex machina est au fond, limpossibilité de sortir dune position paranoïde de soumission parentale.
Lorsque lenfant, sous le choc traumatique des frustrations qui lui proviennent de lambiance, commence à devoir renoncer à sa propre omnipotence, il accomplit une dernière sortie de sauvegarde narcissique attribuant aux parents, surtout au Père, le statut domnipotence. Cest une défense contre langoisse débordante dérivant de la considération que lêtre humain, ainsi que Freud le dit, est destiné à demeurer un enfant, en nourrice comme il en est des forces débordantes de la nature, des maladies et de linéluctabilité de la mort. Cest à ce moment là que lhomme créé ses dieux, il a peur, il cherche à obtenir des grâces, et se confie à eux pour obtenir protection. Rester dans un tel état de vécu infantile signifie entretenir un état pathologique de névrose fondée sur lillusion persécutrice que « quelquun existe, qui dirige la chance et la malchance », une entité omnipotente à laquelle il faut se recommander afin dêtre protégé de ladversité de la vie et par-dessus toute chose : vaincre la mort.
Freud affirmait que lhumanité surmonterait une telle phase névrotique de la même façon que grandissant, nombre denfants guériraient de leurs névroses analogues.
Que le fait que des hommes qui sintéressent à la science puissent adhérer à des croyances créationnistes témoigne de la puissance des mécanismes de scission et disolement ; les élémentaires preuves que Watson énumère dans larticle cité viennent isolées et neutralisées sous la poussée de langoisse de percevoir l'absence de finalité et la casualité des tentatives y compris l’essai humain.
Je conclus cette brève note qui jespère ouvrira un débat sur notre Forum, avec une citation des réflexions finales du grand savant : « Aujourdhui est mis en action une tentative concertée de la part de quelques savants influencés par la religion, de traiter lévolution comme une théorie, comme si cela en quelque sorte diminuait la notoriété et la force dans la façon dexpliquer comme fonctionne le monde. Un des dons parmi les plus grands que la science a fait au monde est lélimination continuelle du surnaturel et est une leçon que ma transmise mon père : la connaissance, libère le genre humain de la superstition. Nous pouvons vivre notre vie sans la peur constante davoir offensé telle ou telle divinité qui est sollicitée avec des incantations ou des sacrifices ou dêtre à la merci des démons ou des Parques. On augmente la connaissance, lobscurité intellectuelle qui nous entoure sillumine et nous apprenons davantage de la beauté et des merveilles du monde naturel.
Ne tournons pas autour de la question : laffirmation commune selon laquelle lévolution à travers le mécanisme de la sélection naturelle est une « théorie » exactement comme est une théorie celle des cordes est erronée. Lévolution est une loi (avec de nombreux éléments) très élaborée comme nimporte quelle autre loi naturelle, que ce soit de gravité, de mouvement ou dAvogadro. Lévolution est une donnée de fait, mise en discussion seulement par qui choisit de nier lévidence, qui met le bon sens de côté et croit au contraire quon arrive à la connaissance et à la sagesse immutables, seulement si lon y parvient avec la Révélation 1 . »
De telles réflexions indiquent également quelle peut être la crédibilité et lintégrité psychique de soi-disants psychanalystes qui conservent sous diverses justifications leurs croyances religieuses.
La connaissance scientifique est incompatible avec la croyance religieuse ; seulement la conservation de mécanismes de défense comme lisolement, la négation, la scission et le déni, peuvent faire coexister les informations qui sélident réciproquement. Saint Agostino le savait bien, il écrivait : « Melius scitur Deus, nesciendo » (Dieu se connaît mieux dans lignorance. St Agostino, De ordine)
Ecrit par: Quirino
Zangrilli © Copyright
Vai
alla versione italiana...
Autres articles en français du même Auteur...
Partager sur Facebook
Note:
1 James D. Watson. Introduzione a «The indelible stamp: the great works of natural selection by Charles Darwin», a cura di James D. Watson, di prossima pubblicazione presso Running Press/Perseus Books Inc. (Traduzione di Monica Levy). Pubblicato in “Corriere della Sera del 29 settembre 2005”.