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Psyché et danse. 1
Fonction du mouvement expressif
Traduction de Liliane Salvadori
7 Octobre 2007
Le langage verbal survient dans un état déjà avancé du développement psychomoteur de lêtre humain sans, pour cela, que lenfant ait rencontré quelque difficulté que ce soit à communiquer son existence et ses exigences primaires à lenvironnement. En effet, le nouveau né a à disposition une vaste gamme de possibilités expressives avant même dapprendre à parler ; sourires, mimiques, attitudes, cris, mouvements rythmiques.
Lhomme au premier stade de son développement sexprime avec le corps ; les premiers gestes utiles au petit enfant sont les gestes dexpression, signaux fondés sur des patrons héréditaires destinés à solliciter dans lambiance environnante la nécessaire attention et la gratification des besoins.
Seulement plus tard, au cours du développement lhomme apprendra quil nest pas toujours opportun de laisser libre cours à ses expressions et à ses exigences et quégalement ce nest pas toujours que ses exigences pourront être satisfaites.
Graduellement, avec lacquisition du langage verbal, lenfant se rendra compte que cest de loin le langage quil peut maîtriser le plus soumis à discipline que celui moteur et de celui mimique, plus authentiques par antonomase du moment quil ny a aucune perturbation affective qui se fait jour dans lattitude ou dans la mimique du sujet perturbé.
A un certain moment de lexistence humaine, surtout dans lOccident industrialisé on peut noter un refoulement drastique : tous continuent à sexprimer même avec des gestes, des mimiques, des positions, mais lexpression corporelle cesse dafficher une certaine dignité ou valeur de communication, devient un « incident » un « dérangement » et avant ou après lindividu doit se plier à la suprématie de la parole, unique instrument de communication légalisé. En dautres termes, lhomme perd quelque chose quil possédait auparavant et ce, sans contre partie aucune. Parce que, cela doit être noté, le langage verbal et celui du corps nont pas la même valeur et ne sont pas interchangeables ; même les observations les plus superficielles mènent à la conclusion quelles atterrissent dans des champs divers.
Le mouvement, outre quil représente un moyen de communication, est également un instrument fondamental pour étendre la connaissance de soi et du propre environnement. En fait, à côté des mouvements que lon exprime avec une motricité non finalisée mais qui correspond au besoin même du mouvement (décharge moteur indifférenciée finalisée à la dissipation daccumulations énergétiques), assument, en particulier chez lenfant, une grande valeur le conduites dexploration qui répondent au besoin épistémophylique ; mouvement, donc comme source de connaissance. Cette affirmation saffirme mieux si nous portons notre attention sur le jeu, une autre activité fondamentale de lenfant, importante dans la structuration correcte de léquilibre psychosomatique de manière égale à limportance du mouvement dans les premiers mois de vie. Le jeu, également, de même que lexpression corporelle disparaît dans la vie de ladulte ; pour le moins la dignité lui est niée et dans le cas où se présente est signalé comme étant « une difficulté » et devient un symptôme, un signal.
Nicola Peluffo, parmi tant de contributions innovatrices quà la façon dun pionnier, grâce à la profonde intégration entre épistémologie génétique (quil a apprise personnellement avec le Maître Piaget) et psychanalyse freudienne nous a offert, nous a indiqué récemment un autre filon de recherche déterminant une phénoménologie inconsciente définie « Bimbo ». Pelluffo définit Bimbo ainsi «
Cette partie de ladulte dans laquelle demeurent « enkystés » les résidus de lenfance
1 ».
Le jeu nest pas exclusivement lapanage de lespèce humaine : il est commun aussi bien à lhomme quà lanimal. Et pourtant, le jeu humain a sa spécificité dans le fait quil ne se limite pas à la libération de simples décharges motorie ni seulement à la simple activité dexploration. Dans lactivité ludique et innée « La fonction imaginative ou de simulation 2 nest pas orientée vers lappropriation de lobjet, mais implique, au contraire le retour du sujet sur lui-même, éprouvant un certain plaisir suite à son activité et créant un monde fictif dans lequel tout se réalise selon ses propres désirs, disposant de toutes les forces de la vie affective. Le jeu, comme lactivité adaptative est une conduite à travers laquelle on tend à réaliser un certain équilibre entre le monde interne et le monde externe» 3 .
Donc, dans le jeu de lenfant et également dans celui de ladulte, tous deux reprennent vie et cherchent une réalisation, ces désirs inhibés de laction qui ont constellé lenfance et qui ont été refoulés.
Je crois que ce soit justement cette réalisation partiale et masquée qui est la source de la jouissance inhérente à lactivité ludique.
Sans trop savancer dans cet argument nous pouvons nous limiter à considérer quelle part des désirs refoulés sorti à lâge préverbal peut trouver une réalisation privilégiée dans lactivité moteur plus ou moins réactualisée, dans les sports et dans la danse.
Dun point de vue opérationnel de la psychanalyse, ce fait implique lexistence et la conservation de traces traumatiques (voir larticle de Nicola Peluffo, Formazione e conseguenze di una traccia traumatica, paru sur cette Revue), qui nont pas de codes verbaux correspondants qui le décrivent, mais plutôt des schémas moteurs qui laccompagnent, difficilement reconnaissables lors du déroulement dune analyse mais qui devraient être étudiés dune manière adéquate.
Déjà, le Professeur Peluffo avait introduit en clinique lintéressant instrument du posturogramme qui soulignait limportance de létude de la mimique et du mouvement 4 .
La répétition dun mouvement donné dans la danse plutôt que dans un sport, sil intervient sur le plan rationnel, a le devoir et la fonction daffiner lefficience du geste aux fins de prestations, il correspond souvent, sur le plan profond, à la réalisation dun besoin/désir dabaissement de tension. Une tension, bien entendu remontant à une trace traumatique mémorisée dans linconscient et pourtant toujours potentiellement réactivable.
Dans le cas où le moteur de la répétition est un vécu traumatique, il est évident que, pour lexistence de la coaction à répétition, la distension souhaitée ne se rejoint jamais.
La ritualisation du mouvement dune façon hautement formalisée (souvent ils sont reconnaissables chez les athlètes des évidents rituels obsessifs qui précèdent la performance) dune part elle représente une sublimation de poussées sexuo agressives et de lautre un plus ou moins efficace compromis de lien tensionnel 5.
Cette considération, dun point de vue clinique, confirme la difficulté notable éprouvée dans le but de parvenir à la dissolution totale des conflits chez des sujets caractérisés de sublimations moteurs comme les danseurs ou les gymnastes.
Ecrit par: Quirino
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Note:
1 Les manifestations de lEnfant dans la dynamique transfert-contretransfert, Scienze et Psychanalyse, Septembre 2006, Scienza e Psicoanalisi, settembre 2006.
2 J. Le Boulch, Verso una scienza del movimento umano, 1975, Armando Armando Editore.
3 J. Le Boulch, ibidem.
4 N. Peluffo, Per un posturogramma della seduta, Bollettino dellIstituto Italiano di Micropsicoanalisi n.1, Diffusioni grafiche Villanova Monferrato (AL), 1985.
Consultez également darticle de Luigi Baldari « La posture » dans cette Revue.
5 Je remercie les Collègues Bruna et Gioia Marzi pour laide quelles mont apportée pour la mise au point de ce concept.
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