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Transmission transgénérationnelle de l’image
faisant référence en particulier
à la déterminante phylogénétique de la paranoïa

    Traduction de Liliane Salvadori

     

Une caractéristique technique qui permet le contact et la compréhension de la microdynamique de l’Image est l’étude de l’enregistrement des séances.  Il arrive souvent que les séries associatives produites par l’analysé lors de la poussée d’un passage de son matériel écouté, correspondent absolument aux associations qu’il avait précédemment produites, juste un an ou deux avant la séance à l’examen.
Lorsque le phénomène se renouvelle plusieurs fois et que l’on se rend à l’évidence, il advient que l’analysé prend conscience, non sans une certaine stupeur, que faisant référence au réinvestissement des noyaux conflictuels, il a, à sa disposition, sur le plan de l’élaboration psychique, un nombre bien déterminé de réponses somatiques qui tendent à se répéter.  C’est la découverte de l’existence de modules psychobiologiques dont dispose l’individu pour manifester son existence : un peu comme un jeu de cartes ou une « rose de combinaisons » où l’on doit « farfouiller », aller à la pêche !!  L’analyse se conduit en profondeur, désagrège le conflit et le croupier, de plus en plus cesse d’être la compulsion de répétition à laquelle se substitue le cas créateur.  Néanmoins, les cartes pour le jeu de la vie demeurent les mêmes.
Parce que si nous déplaçons l’enquête sur le plan de la phylogenèse, soit avec la recherche généalogique soit avec la micropsychanalyse familiale nous verrons que les modules somatopsychiques de la personne sont dans une certaine limite, héréditaires et on en retrouve les traces parfois cachées, ou parfois absolument évidentes dans les générations précédentes.  Il est possible, par exemple, suivre le cours et les ramifications de n’importe quel phénomène, que ce soit ou une tentative vitale pathologique (symptômes psychiques ou somatiques) ou mortifères (modalité de mort).
Suivons à présent le cas d’un analysé que nous appellerons Mr. A, qui a terminé depuis quelques années sa micropsychanalyse en ce sens que, ayant neutralisé les propres noyaux conflictuels il réussit à se réaliser aussi bien sur le plan existentiel que professionnel.  Néanmoins, il continue à être tourmenté, certes d’une façon moins dramatique, par le destin de son groupe familial dans lequel se croisent des terrains imprégnés de masochisme primaire avec des issues psychobiologiques souvent désastreuses (morts prématurées (avec une haute incidence de formes tumorales malignes ou de suicides).  Au cours des années qui ont suivi la fin de la micropsychanalyse personnelle, à présent qu’il est en mesure d’accueillir avec plus de facilité les messages qui lui proviennent de son inconscient, il perçoit l’existence d’une sorte de demande inconsciente familiale destinée à résoudre un trauma dont il ne connaît ni la forme, ni l’origine.  Un jour, alors qu’il effectuait une visite dans un cimetière immense, un événement extraordinaire se produisit.  Le cimetière présente une particularité : il est édifié sur un terrain assez montagneux extrêmement riche en fossiles (animaux) et en végétaux et pour cela, il est étiqueté «lieu touristique important ».
Mr. A, s’assied à côté d’une pierre et se plonge dans une sereine concentration, règne un silence total.  Presque sans se rendre compte de son geste, il ramasse deux ou trois cailloux qui portent des traces évidentes de fossiles, il les observe et, par association  d’idées, il en déduit que ces cailloux se trouvent en grand nombre et en étroit contact avec les dépouilles mortelles, il est finalement en mesure d’accueillir l’illumination : la prise de conscience de la minéralisation finale de la matière vivante, il se rend à l’évidence qu’il doit accepter l’idée de l’absolue disparition de la complexification organique qui met en contact définitif avec le vide constitutif.  Entre ces morts, ces fossiles et les pierres il n’y a plus aucune différence.  Des larmes libératrices jaillissent suivies d’une sérénité et d’une sensation de libération absolument inédites.
L’importance de la performance autoanalytique de Mr. A nous échapperait si nous ne considérions pas quelques aspects de sa micropsychanalyse au sujet de sa famille ainsi que la phylogenèse.  Le père de Mr. A, que nous appellerons AA, avait perdu son père alors qu’il était tout jeune, en pleine période d’activation oedipienne et n’avait pu assister à l’enterrement.  Manuela Tartari 1/, dans un article datant de 1988 a mis en évidence les éventuelles conséquences pathogènes relatives à la non participation au rite de la sépulture : du fait de l’absence de la perception de cette cérémonie, de profondes poussées ambivalentes de type hallucinatoire émergent ; le mort n’est pas mort !  Et de telles poussées, s’intégrant à des processus défensifs peuvent se transformer en fantasme de persécution; le revenant inquiet.… Effectivement, après la disparition du père, à une sensation de libération s’était greffée la difficulté de s’identifier avec son image, qui lui apparaissait terrifiante, s’intégrant toujours plus à l’image du père ancestral castrateur, perdant désormais la possibilité d’une confrontation avec les données réelles (le personnage historique du père).  Suivant telles dynamiques on se rend compte jusqu’à
la fin, du rôle d’amortisseur que les parents vivants assument, surtout selon ce qu’affirme Silvio Fanti 2/, les grands parents, en comparaison de l’Image.  Une telle difficulté d’identification entrave l’élaboration physiologique du deuil.  Les rêves de Mr. AA (le père de A) commencèrent à ressembler à un cauchemar incessant : la contemplation de l’image muette et sinistre du père disparu.
Une telle dynamique onirique s’atténua lorsque, à distance de près de 30 ans de l’enterrement, l’analysé et son père assistèrent à l’exhumation des corps respectifs du grand père et du père.  Egalement à cette occasion on manifesta une réponse pathologique de déni de la perte chez Mr. AA : le corps du père, évidemment réduit à l’état de squelette, lui apparu intact.  Ce fait donna lieu à nouveau à la manifestation d’une sorte de mythe familial qui pourtant appartenait à la branche maternelle de la famille de Mr A.  Ils  évoquèrent un aïeul de l’analysé qui exhumé à 50 ans du décès aurait été retrouvé pratiquement indemne, à tel point que l’Institut de Médecine Légale de la capitale avait demandé un prélèvement biotique afin d’effectuer des études expérimentales.
Ce fait avait renforcé l’impression que dans la famille de Mr A, les morts ne mourraient qu’apparemment.  D’autre part, cela expliquait également le fait que dans la branche maternelle l’on trouvait fréquemment des sujets qui se prévalaient du pouvoir médiumnique et parlaient habituellement, en rêve ou en état de veille, avec ces pseudos-morts de la famille.
Plusieurs années après ces événements, la mère de Mr A (qui avait manifesté une dépendance quasi symbiotique envers sa propre mère) la perdit suite à une tumeur maligne.  A cette occasion se manifestèrent de nouveau les poussées au déni de la perte présentes chez tout le groupe familial qui se concrétisèrent sous forme de difficulté éprouvées par de nombreux parents de la branche maternelle, y compris la mère de Mr A, au moment de la prise de conscience du décès survenu, au point que les « déclarations selon lesquelles le ‘mort’ ouvrait les yeux ou respirait » nécessitèrent l’intervention de deux médecins qui confirmèrent le décès.
Cette personne, (donc la mère de Mr A) ne se trouvait pas en état d’élaborer la perte et elle chercha de la nier au cours de la désastreuse tentative de « ressusciter » le mort à travers la reproduction de ses symptômes (identification pathologique), développant ou de toutes les façons manifestant elle-même une forme tumorale à évolution rapide qui la porta à la mort trois mois à peine après la perte de la mère.
Ce qui est intéressant est que dans la phase finale de la maladie se manifestèrent des idées délirantes à type persécuteur qui étaient axées sur le fait que c’était la mère à peine disparue qui se vengeait sur elle, « lui dévorant les organes de l’intérieur ».
Chez Mr A, à travers le chemin de la micropsychanalyse s’étaient cristallisées et finalement réalisées toutes les tentatives avortées qui conduisaient le groupe familial à une réponse de déni avec une « élaboration pathologique du deuil conséquente » et à l’instauration d’un carrousel quasi diabolique de mort.  Avec la vérification de la minéralisation, Mr A, enterra tous les morts de la famille, son chagrin  exprimait les pleurs pour tous les morts de tous les temps, sa libération, la libération des fantasmes inquiets des aïeux de tous les temps.  Les morts pouvaient finalement reposer, les vivants vivre en paix !
A présent que nous avons introduit le concept de transmission de ce module énergétique qui est l’Image je voudrais apporter quelques précisions sur une phase de structuration du psychisme humain qui à mon avis a une grande importance dans le domaine de la psychopathologie : ce processus de transformation que je définis « actualisation du psychisme humain » et que Silvio Fanti 3/ décrit, ce me semble, comme « spécification   dans le ‘ça’ de l’hérédité idéenne ».  Ainsi qu’il est facile de l’imaginer, il s’agit d’un processus extrêmement délicat : l’harmonisation du génome maternel et paternel, souvent, configure une vraie et propre rencontre, premièrement une guerre idéenne, puis génétique qui se résout pour toute la vie dans un équilibre précaire.  Dans le creuset énergétique constitué par l’ovule fécondé interactif avec l’environnement utérin, on finit dans  l’évolution normale, par harmoniser les modules énergétiques idéens et, au cours de cette interaction incessante avec le psychisme maternel qui fait fonction d’activateur, pour obtenir un certain degré d’actualisation ontogénétique.
En d’autres termes, comme le souligne habituellement Nicola Peluffo 4/, la conflictualité interne est déjà préfigurée au niveau phylogénétique et réactualisée à partir du premier instant post-conceptionnel de la lutte entre le phylum paternel et celui maternel et seulement quelques unes des facettes iconiques de l’Image viennent  illuminées et fixées par le conflit intra-utérin.  Dans chacun de nous il y a toujours un certain degré de conflit entre les exigences de l’Image et celles de son véhicule ontogénétique.  C’était déjà une intuition féconde de Jung qui, dans la maturité de son travail commença à interpréter le conflit comme étant la résultante de la rencontre entre l’image et les archétypes, mais seulement la micropsychanalyse à l’aide de l’étude systématique de l’Image et de l’hérédité idéenne et la vérification scientifique de la transformation généalogique, avec l’étude comparée des rêves et la micropsychanalyse familiale nous démontre pleinement les grandes possibilités d’intervention thérapeutique analytique.
Pour approfondir notre point de vue et pour en illustrer les implications étiopathogénétiques dans l’étude des grands syndromes psychotiques, j’utiliserai du matériel provenant d’un autre analysé.  Il s’agit d’un cas déjà illustré pour d’autres aspects de mon article sur « Microdynamique du transfert » 5/.
Le jeune, porteur au moment de la première observation d’une dépression anaclitique selon Spitz et subséquente à la précoce disparition de la mère et défendue par une position psychotique de déni de la perte, à travers un long travail d’analyse, avait réussi à prendre conscience de la perte de la mère et à élaborer le deuil, à pouvoir établir une relation satisfaisante sur le plan sexuo-affectif avec une jeune femme. Le traitement psychanalytique avait déterminé le détachement de l’image persécutrice de la « mère zombie » errante qui constituait en même temps une intolérable persécution mais dans le même temps une défense et, avec une amélioration spectaculaire sur le plan de la vie sociale, il avait mis à nu la structure du conflit qui sombrait comme il advient dans ces cas, dans les événements phylogénétiques de la personne.  Subsistait une vive souffrance existentielle qui souvent s’exprimait en un sentiment de profonde rancœur à l’encontre des hommes et du monde, pour lequel l’analysé ne savait ni pouvait trouver dorénavant la plus petite explication sur les bases des événements ontogénétiques, par ailleurs minutieusement examinés.  Il ne restait plus qu’à déplacer le travail de la recherche généalogique sur l’analyse des rêves qui éventuellement auraient pu rester activés par la recherche.
Au cours de cette recherche menée tambour battant, l’analysé réussit bien vite à reconstruire un vécu familial qui durant de nombreuses séances captura son attention.  D’une manière très schématique, l’histoire s’est déroulée de la manière suivante : son arrière grand’mère, femme très digne même si d’origine modeste, eut une relation avec un personnage haut-placé de sa ville, liaison au cours de laquelle elle se retrouva enceinte.  Rassurée par cet homme, l’arrière grand’mère porta la grossesse à terme mais le jour même de la naissance de la petite fille (la grand’mère de l’analysé dont nous parlons), cet homme s’enfuit, abandonnant la petite fille et la compagne, faisant par la suite perdre sa trace pour toujours.  L’arrière grand’mère de l’analysé, aveuglée par la haine et par la douleur peu de temps après, abandonna l’enfant dans un orphelinat.  Cette enfant, plus tard, après une vie qu’il est facile d’imaginer, épousa un homme duquel elle eut une fille (la mère de l’analysé).  Cet homme mourut trois ans seulement après la naissance de cette petite fille de même que la mère de l’analysé qui mourut également alors que l’enfant avait seulement trois ans. 
Le jeune, après avoir pris conscience du fait que nombre de ses tentatives successives convergeaient vers la reconstruction inconsciente du trauma généalogique de l’abandon (l’analysé répétait souvent : « Je dois me forcer à créer une histoire d’amour qui finisse
d’une manière dramatique »), réussit à donner une explication et un corps à la haine infinie et ce, jusqu’au moment absolument incompréhensible qui prouve pour le monde prenant conscience d’être entré dans le rôle de « vengeur » du phylum maternel.  D’autre part, la mère également devait avoir subi la même terrible consigne inconsciente et probablement à cause d’un important bouleversement à l’intérieur de l’agressivité idéenne, était tombée malade et morte prématurément.
Voilà quelques associations de l’analysé : « la réalisation de ce désir de me faire naître … m’est interdite par une image de mort et de vendetta : c’est fait afin qu’elle puisse payer pour ma souffrance … ma souffrance, ou celle de ma grand’mère ?  La tournure libératrice du cas se produisit avec l’analyse d’un rêve que le jeune porta en séance ainsi qu’une photo encadrée (la photo de la mère), cadre que durant tant d’années il avait conservé jalousement sur sa table de chevet.  Le contenu manifeste du rêve en synthèse est le suivant :
- « Je suis dans mon lit ; mon grand-père arrive, il désire que je lui rende sa place ( ?).  Moi je dois aller à la radio et lui veut occuper à nouveau sa place.  Je suis au lit, vous me faites une séance et vous aviez la place du cadre que je vous ai porté.  Je suis occupé à  demander des informations sur un endroit tout en pensant qu’il est étrange que je me sois perdu.  Finalement j’arrive à la gare.  Je vois une meute de chiens blancs mais moi je dois aller sur ma route (C’est-à-dire je dois sortir de cette meute de chiens).
Voilà une petite partie du matériel associatif qui vient spontanément produit au cours d’une séance de quatre heures sur ce rêve : « C’est comme si chaque rêve devait reprendre la place qui lui revient … Chaque pion retourne à sa place.  C’est comme si dans ma vie se reproduisait l’agonie de ma mère, celle de son père, la haine de ma grand-mère abandonnée.  Je parlais de l’Image : cette image me tourmente c’est comme si je devais mettre toutes mes forces au service de cette image.  Je fais tout ce que je peux pour entrer dans cette photo. ».  Je la lui agrandis au maximum des possibilités la projetant avec un épiscope.  Il pleure : « Depuis qu’elle ne bouge plus en moi … Moi j’occupais la mauvaise place … Mon grand père voulait à nouveau sa place que j’étais allé moi, occuper … Moi j’avais créé ce qui m’avait créé moi … Je cherche de prendre ma place à la radio   …. Puis j’arrive à une station – (il hurle) – moi je suis une station !... C’était très beau !  Je suis une station, je suis un point fixe, non un météore qui erre dans l’espace !  Je ne peux plus retourner en arrière.  J’ai franchi un mur, je me suis planté ! ».
Voilà la transformation qui s’accomplit.  La reconstruction de l’événement traumatique phylogénétique, l’abréaction de l’affect qui est connecté, la verbalisation des propositions de vengeance, d’une haine inexprimée, qui ne rivalisait pas son existence et qui pourtant vivait en lui comme un affect d’accompagnement une série d’images qui répétaient le drame généalogique désamorçant le gouffre aspirant de la répétition, cet incessant tourbillon en arrière qui se sert de la pulsion de mort comme force motrice et qui déclenche une énorme angoisse.  L’analysé réussit à s’actualiser, à trouver finalement la place qu’il recherche dans l’existence pendant que les images de ses aïeux s’apaisent et retournent leurs sacellum.
Suivant ces dynamiques, les vérifiant continuellement au cours du travail généalogique, je suis parvenu progressivement à une vision du syndrome paranoïaque  qui m’amène à l’interpréter comme un défaut d’actualisation du psychisme humain qui continue à être rapporté à l’arbitre de l’Image qui dicte de manière anachronique et répétitive les modalités ontogénétiques de l’existence.  Je considère la paranoïa à la manière d’une virose où l’agent infectieux est l’Image qui se sert de l’hôte ontogénétique pour recréer les conditions d’un trauma qui sombre dans la phylogenèse et qui demande plusieurs répétitions pour être abréagi.  Cela explique, entre autres, la fréquence des vécus de possession ou du délire d’emprise des psychoses paranoïaques : le parano est effectivement un possédé par les messages de l’image qui se transmettent à travers une activité onirique non suffisamment abréagie,  un haut parleur qui tente désespérément sans y parvenir, de devenir centre émetteur.  Dans mon article précédemment cité, suivant la route tracée par Nicola Peluffo 6/, j’avais défini la paranoïa comme le précipité phylogénétique des tentatives faillites transgénérationnelles destinées à permettre l’entrée de l’Autre dans le rapport fusionnel.  J’avais supposé que dans le patrimoine généalogique de ces objets, l’on trouverait effectivement déterminées, des situations traumatiques qui, pouvant déterminer la destruction de l’individu,  évoqueraient des réponses défensives catastrophiques.
En d’autres termes, on note une hyper activation (pole de mort de la pulsion de mort – de vie) connexe à une situation traumatique réelle phylogénétique, qui vient liée au moyen  d’un servomécanisme défensif (un des plus efficaces, axé sur le déni de réalité et celui paranoiaque) mais qui pourrait être, en conformité avec le terrain, l’appétence pour un médicament-fétiche et donc la toxicomanie ou l’investissement somatique avec la construction de maladies écran.
Ces automatismes défensifs insérés dans le « ça » générationnel se réactivent en présence de la situation de pénétration du troisième dans l’univers fusionnel.  L’aboutissement est la répétition forcée de l’échec intervenu lors de la tentative d’établissement d’une relation d’objet avec retour massif à la situation de narcissisme primaire qui à son tour, nourrit les symptômes d’omnipotence mégalomaniaques 7/.
Cette vision, nous permet une lecture moderne de la Gradiva de Jensen qui passionna tant Freud 8/.  Cette lecture nous apprend que le personnage principal, le Dr Norbert Harold, a, lors d’une visite des Musées du Vatican pu admirer un bas relief reproduisant un personnage féminin qui l’a énormément perturbé et qu’il appellera Gradiva.  Norbert éprouve une attraction obsédante pour cette figure de pierre.  Peu de temps après il rêve : il se trouve dans l’antique ville de Pompei, précisément au moment où le Vésuve en éruption commence son travail de destruction.  Dans le rêve apparaît Gradiva devant lui et lui vint à l’idée – décisive pour la structuration du délire – que Gradiva était pompéienne et que tous deux avaient vécu, à la même époque dans l’antique Pompéi.  Avant qu’il n’ait pu la prévenir, la Gradiva est ensevelie lors de l’éruption.  Ne réussissant pas à abréagir ce rêve, il est en proie au délire.  Il n’a dans son esprit que le problème « de ce qui aurait l’apparence corporelle d’un être comme la Gradiva, à la fois mort et vivant même s’il ne doit vivre que durant l’heure méridienne des esprits ».
C’est elle-même qui pénètre dans son rêve pour le guérir, utilisant, souligne Freud, des procédés qui ressemblent énormément à ceux de la psychanalyse.  A la fin, Norbert reconnaît en elle Zoe Hertghang, sa gracieuse voisine, qui fut un temps (alors qu’ils étaient enfants) sa compagne de jeux et ses sentiments se transférèrent de la femme de pierre à la femme de chair, rompant le cercle du délire. 
Je pense que vous éprouverez également une attraction pour le splendide récit de Jensen : on parle d’un important trauma qui sombra dans le passé, décrit littéralement par le cataclysme de Pompéi que l’on tente inconsciemment de réactualiser afin de changer le cours des événements.  La Gradiva est la Statue errante, le Sphinx, l’Image qui capture toute les énergies vitales de Norbert.  La guérison advient au moment où le psychisme du principal intéressé réussit à se libérer de l’emprise de la statue (c’est-à-dire du délire) et à s’actualiser dans le présent, mettant un terme au remous du passé.  Un passé qui très souvent emprunte les traits d’un esprit errant, d’une entité  inquiète.  D’autre part, et pour terminer, nombreux sont ceux qui oublient que le même Œdipe purgea une malédiction qui n’incombe pas à son ontogenèse mais il expia pour les fautes commises par son père Laio qui, exilé à la Cour du Roi Pelope à Pise, s’éprit du fils du Roi, Crisippo, et l’enleva : pour cela, toute sa descendance fut maudite et sa descendance paya pour une faute non commise directement.

Ecrit par: Quirino Zangrilli © Copyright

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NOTE:

1 - M. Tartari • Fantasmi familiari e immigrazione • Convegno “I segni e i sensi del male”, Torino, ottobre 1988.
2 - S. Fanti • La micropsicoanalisi • Borla, Roma, 1983.
3 - S. Fanti, op. cit.
4 - N. Peluffo • Immagine e fotografia • Borla, Roma, 1984.
5 - Q. Zangrilli • Microdinamica del transfert • Bollettino dell’Istituto Italiano di Micropsicoanalisi n°6, 1988.
6 - N. Peluffo • La situazione • Bollettino dell’Istituto Italiano di Micropsicoanalisi n°5, 1987.
7 - P.L. Bolmida • La scelta anaclitica in prospettiva filogenetica • Bollettino dell’Istituto Italiano di Micropsicoanalisi n°7, 1988.
8 - S. Freud • Il delirio e i sogni della Gradiva di Wilhelm Jensen • Opere, Vol. 5, Boringhieri, Torino, 1975.

 
 

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